mardi 6 mai 2008

A Rennes, un "homme en colère"...


Paru dans l’hebdomadaire « 7 Jours » (Rennes)
2 mai 2008
Justice : Affaire « Pétrole contre nourriture »
A Rennes, un « homme en colère »…


Le rennais Gilles Munier, mis en examen il y a 3 ans pour «avoir violé une résolution de l’ONU » en Irak, n’a toujours pas le droit de sortir du territoire métropolitain. « C’est de l’acharnement juridique », dit-il « je suis un des seuls parmi les personnes impliquées dans l’Affaire Pétrole contre nourriture qui soit assigné de cette façon à résidence, alors que le juge Courroye a clos son instruction depuis juin 2007 ».

La « justice » française - il tient aux guillemets – craignait, semble-t-il jusque là, qu’il profite de déplacements à l’étranger pour « rencontrer des complices, détruire des documents ». « De la foutaise ! A Bagdad, les services secrets français savaient que je ne faisais en conscience rien de délictueux, sinon j’aurais eu des problèmes avant la chute de Saddam Hussein» clame-t-il, excédé, « m’empêcher de voyager est un prétexte, de nos jours avec un téléphone, Internet et une webcam, on peut communiquer discrètement n’importe où, il suffit d’aller dans un cyber café ».

On lui a interdit de se documenter au Proche-Orient pour un livre sur le jeu américain dans la région, et pour les besoins d’articles sur la situation en Irak qu’il publie dans le mensuel Afrique Asie ou sur son blog*. En France, affirme-t-il : « on n’emprisonne pas pour des idées, on asphyxie financièrement pour réduire au silence ceux dont les engagements politiques déplaisent. Et après cela, on se permet de critiquer la Syrie, la Libye ou la Chine». Son épouse a dû verser… 50 000 euros de caution pour qu’il reste en liberté conditionnelle.

Secrétaire général des Amitiés franco-irakiennes depuis 1986, Gilles Munier s’imposait une « obligation de réserve ». « C’est fini», dit-il maintenant, « A Bagdad, j’ai vu beaucoup de soi disants porteurs de messages se réclamant, à tort et ou à raison, de Chirac ou même de Sarkozy. J’en parlerai. Le procès qui s’ouvrira – et pour moi le plus tôt sera le mieux – doit être celui du génocide qui a tué plus d’un million d’enfants irakiens, de la cupidité et des mensonges de certains hommes politiques, de l’hypocrisie occidentale ». Dans son dernier livre**, son avocat Jacques Vergès écrit qu’il fera du procès « un acte d’accusation contre les criminels camouflés sous le manteau de la démocratie ». Vu sa réputation, ce n’est certainement pas une vaine promesse.

* gmunier.blogspot.com

** Journal, la passion de défendre (Ed. du Rocher, 2008)

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