mercredi 22 avril 2009

Les espions de l'or noir, par Gilles Munier

NOUVEAU LIVRE

Les espions de l’or noir, par Gilles Munier (Ed. Koutoubia)

Dédicace : le mercredi 29 avril, à 19 heures

Galerie Arcima : 161, rue St Jacques, à Paris (métro : Luxembourg)


22 avril 2009



Le pétrole, « maître du monde » ? Oui, mais comment en est-on arrivé là ? Des rivalités pour contrôler la route des Indes à l’émergence des Etats-Unis comme puissance mondiale, les pays anglo-saxons ont su étendre leur influence en Asie centrale, dans le Caucase et au Proche-Orient, avec, au final, leur mainmise sur les principales ressources pétrolières mondiales.

Gilles Munier remonte aux origines du Grand jeu et de la fièvre du pétrole pour raconter la saga des espions de l’or noir et la malédiction qui s’est abattue sur les peuples détenteurs de ces richesses. Il brosse les portraits des agents secrets de Napoléon 1er et de l’Intelligence Service, du Kaiser Guillaume II et d’Adolphe Hitler, des irréguliers du groupe Stern et du Shay – ancêtres du Mossad – ou de la CIA, dont les activités ont précédé ou accompagné les grands bains de sang du 19ème et du début du 20ème siècle.

Parmi d’autres, on croise les incontournables T.E Lawrence dit d’Arabie, Gertrude Bell, St John Philby et Kermit Roosevelt, mais aussi des personnages moins connus comme Sidney Reilly, William Shakespear, Wilhelm Wassmuss, Marguerite d’Andurain, John Eppler, Conrad Kilian. Puis, descendant dans le temps, Lady Stanhope, le Chevalier de Lascaris, William Palgrave, Arthur Conolly et David Urquhart.

« On dit que l’argent n’a pas d’odeur, le pétrole est là pour le démentir » a écrit Pierre Mac Orlan. « Au Proche-Orient et dans le Caucase », ajoute Gilles Munier, « il a une odeur de sang ». Lui qui a observé, sur le terrain, plusieurs conflits au Proche-Orient, montre que ces drames n’ont pas grand chose à voir avec l’instauration de la démocratie et le respect des droits de l’homme. Ils sont, comme la guerre d’Afghanistan et celles qui se profilent en Iran ou au Darfour, l’épilogue d’opérations clandestines organisées pour contrôler les puits et les routes du pétrole.

330 pages, avec photos, cartes et index – 22,60 euros - Editions Koutoubia - Groupe Alphée-Editplus

Les espions de l’or noir
Commentaires, critiques et questions posées à l’auteur sur : http://espions-or.noir.over-blog.com

Table des matières

· Avant propos : Pétrole… la dernière croisade occidentale

· Introduction : Le pétrole, « excrément du diable »

· Chapitre 1 : James Bond 007 se parfume au brut

· Chapitre 2 : Les espions de Napoléon, précurseurs du Grand jeu

· Chapitre 3 : William-Cohen Palgrave, l’espion jésuite qui voulait évangéliser les wahhabites

· Chapitre 4 : Jeux de vilains dans le Caucase et en Asie centrale

· Chapitre 5 : L’invention du Moyen-Orient

· Chapitre 6 : Capitaine William Shakespear, l’espion bien-aimé

· Chapitre 7 : Drang nach osten I – Les espions de Guillaume II

· Chapitre 8 : Wilhelm Wassmuss, l’insaisissable espion allemand

· Chapitre 9 : St John Philby, l’espion qui choisit le wahhabisme

· Chapitre 10 : Thomas Edward Lawrence, l’espion trop médiatisé

· Chapitre 11 : Gertrude Bell, l’espionne au cœur brisé

· Chapitre 12 : Drang nach osten II – Les espions d’Adolphe Hitler

· Chapitre 13 : Gaafar John Eppler, l’espion de l’Abwehr

· Chapitre 14 : Dame Freya Stark fait de l’espionnage

· Chapitre 15 : Pétrole, la France à la remorque des anglo-saxons

· Chapitre 16 : La mort mystérieuse de Conrad Kilian, espion malgré lui

· Chapitre 17 : Kermit Roosevelt, Ajax et les « tueurs à gages économiques »

· Postface : Espionnage privé : danger immédiat !

· Index

· Bibliographie
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et

Sidney Reilly, un prêtre pas très catholique

Le Bagdadbahn et la carte pétrolière secrète du Sultan Abdul Hamid II

Koba (futur Staline) rackette les magnats du pétrole

Deterding, le « Napoléon du pétrole » finance le parti nazi

Quand Hitler ménageait les Britanniques

Palestine : le groupe Stern tend la main à Hitler

Jaussen, un dominicain au Service de Sa majesté

Le cas Massignon


BONNES FEUILLES

Bagdad : Fritz Grobba et le Carré d’Or

Au Proche-Orient, Hitler réactiva les réseaux créés pendant la Première guerre mondiale par le baron von Oppenheim et les services secrets du Kaiser. De nouvelles têtes apparurent, comme Fritz Grobba qui doit sa renommée au coup d’Etat des Officiers du Carré d’Or en 1941, à Bagdad. Spécialiste en langues orientales, il avait effectué dans sa jeunesse un court séjour en Palestine comme drogeman – interprète – puis comme officier avant de rejoindre l’Abteilung II, le département Orient du ministère des Affaires Etrangères. Nommé ambassadeur en Irak de 1932 à 1939, il avait rempli avec succès sa mission, y compris quand elle fut élargie à l’Arabie Saoudite où il avait tenté de convaincre le roi Ibn Saoud de se rapprocher de l’Allemagne.

En avril 1939, le roi Ghazi 1er dont la sympathie pour l’Allemagne et la volonté de réintégrer le Koweït dans le royaume étaient connues, trouva la mort dans un curieux accident de voiture, tout de suite dénoncé comme un assassinat par les nationalistes irakiens. Rien n’échappait aux Anglais : en juin 1939, un rapport secret de l’Air Staff Intelligence décrivait ses activités. On y apprenait que le montant des échanges commerciaux avait doublé - les firmes allemandes vendant leurs produits au dessous du prix pratiqué à Berlin - que des professeurs passés par l’Académie allemande dirigée par Karl Hanshofer à Munich, formaient des Irakiens des couches défavorisées pour des études universitaires en Allemagne, et que l’impact de la propagande du IIIè Reich allait grandissant. Une attention particulière était portée aux activités du club nationaliste arabe Muthana et de la Société de défense de la Palestine, de Yunis Bahri qui devint célèbre comme speaker de Radio Berlin, et de Amin Ruweiha, médecin d’origine syro-palestinienne, considéré comme un dangereux activiste anti-sioniste. Ce dernier expliqua plus tard son engagement pro-allemand par le fait que ces derniers n’ayant pas de colonies arabes, avaient les mains propres ; qu’ils étaient les ennemis des Anglais et des Français, les deux principaux ennemis des Arabes ; qu’ils n’avaient ni utilisé ni trahi les Arabes, qu’ils n’étaient pas partie prenante dans les accords Sykes-Picot, et – plus étonnant - qu’ayant perdu l’Alsace et la Lorraine, ils savaient ce que signifiait une occupation étrangère.

Dans le même esprit, le Premier ministre Rachid Ali et les colonels du Carré d’Or, héros de la révolution irakienne de 1941, n’étaient pas des nazis, mais des nationalistes irakiens. Leur coup d’Etat, programmé pour le 10 mai 1941, fut avancé quand ils apprirent qu’un régiment de Gurkhas avait embarqué en Inde pour Bassora. La conjoncture semblait favorable à Rachid Ali pour tenter un coup de force : les Allemands, occupant la Grèce et la Crète, pourraient les aider comme l’avait promis, semble-t-il, l’amt 1, le service secret SS. Les Britanniques ne pouvaient pas envoyer de renforts importants en Irak en raison de la progression de l’Africa Korps dans le désert libyen.

Rachid Ali demanda à Kinahan Cornwallis, ambassadeur anglais, de mettre les familles anglaises en sécurité sur la base militaire de Habbaniyya. Quand ce fut fait, il fit encercler et pilonner la base, puis proposa d’échanger les captifs contre le départ des Gurkhas. Il plaça les installations pétrolières sous contrôle irakien, obligeant l’Iraqi Petroleum Company à les maintenir en état et à livrer quatre millions et demi de litres d’essence à l’armée irakienne, mais destinés à la Wehrmarcht. Rachid Ali et les officiers du Carré d’Or avaient rempli leur part de l’accord conclu avec Fritz von Papen, ambassadeur du IIIè Reich à Constantinople : mise à disposition de pétrole irakien contre une aide allemande pour libérer les pays arabes et les unifier. La suite des événements dépendait des Allemands.

Malgré le bombardement de Habbaniyya, les Anglais tenaient bon. Une petite piste d’atterrissage construite sur le terrain de golf de la base permettait de les approvisionner en munitions. Fritz Grobba, représentant spécial du Führer auprès de Rachid Ali, arriva le 11 mai, avec quatre jours de retard. Il justifia, sans convaincre, la faiblesse du contingent allemand venu avec lui par l’importance des pertes subies en Crète. Un colonel allemand dressa la liste des besoins irakiens. Il réclama l’intervention de six escadrilles des Messerschmitt. Elles n’arrivèrent pas, de même que la majeure partie des armes débloquées par le général Dentz, haut-commissaire français en Syrie. Rachid Ali remercia plus tard Jacques Benoist-Méchin, présent lors des négociations Darlan-Hitler qui permirent ces livraisons, parce qu’elles avaient servi, en juillet 1958, à renverser la monarchie pro-britannique.

Les Irakiens ne se doutaient pas – ni Fritz Grobba, sans doute non plus - que l’armée allemande allait attaquer la Russie et qu’Hitler, partisan à l’époque d’une paix séparée avec l’Angleterre, ne voulait pas s’engager plus. Comble de malchance : le général Axel von Blomberg qui devait commander les forces allemandes fut tué, dit-on, par un Irakien qui avait cru que son avion était anglais. L’Opération Tapis doré, lancée à partir de la Jordanie, mit fin aux espérances des colonels du Carré d’Or. Le 30 mai, Fritz Grobba prit le chemin de Mossoul et de la Turquie. Rachid Ali et le Mufti de Jérusalem se réfugièrent en Iran, puis à Berlin. (…)

Les espions de l’or noir, par Gilles Munier
Paru le 26 avril 2009 aux Editions Koutoubia
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Gertrude Bell : L’œil de l’Intelligence Service sur la Mésopotamie

L’encerclement du corps expéditionnaire du général Townshend à Kut donna à Gertrude Bell l’occasion de tester ses capacités manipulatrices. Elle écrivit à Nouri Saïd, officier dans l’armée ottomane, membre d’al-Ahd - l’Alliance – organisation arabe clandestine anti-turque, pour lui demander de sortir de l’ombre. Elle demanda aux chefs de tribu de ne plus aider l’armée turque. Lawrence arriva en renfort d’Egypte avec un million de livres pour corrompre le général Khalil, commandant des forces turques et neveu d’Enver Pacha, ministre turc de la Guerre. Rien n’y fit : l’armée britannique subit une des plus humiliantes défaite de son histoire.

Au Caire, l’existence du Bureau arabe était enfin officialisée, mais Gertrude Bell ne tenait pas y reprendre sa place, se sentant – au contact des réalités – plus proches des analyses de Delhi que du Caire. Devenue indispensable à Bassora, Hardinge la nomma conseiller permanent de Percy Cox dont les attributions comprenaient la Mésopotamie et les pays du Golfe. En avril 1916, à Koweït, elle impressionna Ibn Saoud, qui n’avait jamais côtoyé d’Européennes, par ses connaissances et son dynamisme. Dans un article publié par l’Arab Bulletin, publication à diffusion restreinte à destination des cadres de l’Intelligence Service, elle le décrivit, enthousiaste, comme un homme d’exception en adéquation totale avec son peuple. Sans le dire trop ouvertement, elle espérait qu’il éliminerait Ibn Rachid et le Chérif Hussein de La Mecque.

Après la prise de Bagdad, Cox la nomma secrétaire des Affaires orientales, c'est-à-dire en fait, comme elle le souhaitait, l’œil, la bouche et le bras de l’Intelligence Service en Mésopotamie. (…)
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Boutin, l’espion de Sidi Ferruch

En 1810, Napoléon convoqua Vincent-Yves Boutin, 38 ans, depuis peu Colonel du Génie, à peine remis d’une blessure infligée à la bataille de Wagram, pour l’envoyer en Egypte et en Syrie, toujours dans la perspective de conquérir les Indes britanniques. L’Empereur avait quand même dû écrire au général Clarck, ministre de la Guerre, pas pressé d’exécuter ce genre d’ordre, pour insister sur l’urgence de son départ. Que Boutin, lui disait-il, masque sa mission comme il l’entendra, mais qu’il la fasse…. Le ministre ne pouvant qu’obtempérer, chargea - en accord avec l’Empereur - Auguste Merciat d’aller s’informer de la situation en Palestine, et Bernardino Drovetti, consul français au Caire, de recruter un homme capable de pénétrer parmi les bédouins, de les éloigner des Ottomans, et de reconnaître tout le désert… jusqu’aux frontières de l’Inde. Vaste programme qui échut, théoriquement, au Chevalier Théodore de Lascaris.

Vincent-Yves Boutin ne manquait ni de courage ni d’intelligence. Il avait bourlingué à travers l’Europe au gré des campagnes militaires de l’Empereur, les précédant parfois en mission exploratoire. En 1808, il s’était rendu secrètement en Algérie et avait repéré l’endroit idéal pour débarquer un corps expéditionnaire : la pointe de Sidi Ferruch… Napoléon envisageait alors d’occuper l’Algérie en partant d’Espagne, et de se servir du pays comme base de départ vers l’Egypte et les Indes Britanniques. Sur le chemin du retour, les Anglais ayant arraisonné son bateau au large d’Ajaccio, Boutin se retrouva prisonnier. Il parvint à s’échapper à Malte, déguisé en marin italien, et à retourner à Paris par Constantinople pour apprendre que la conquête de l’Algérie était remise à plus tard : la résistance farouche du peuple espagnol avait contraint Napoléon à modifier ses plans. (…)

Nota : En 1830, sous Charles X, le rapport du colonel Boutin servira à conquérir et coloniser l’Algérie. Le général de Bourmont, ancien chef chouan rallié à Napoléon 1er, commandant le corps expéditionnaire débarquant à Sidi Ferruch était passé à l’ennemi la veille de la bataille de Waterloo.



Des bonnes feuilles des « Espions de l’or noir » sont à lire
dans les magazines L’Optimum et Afrique Asie de mai.

« Les espions de l’or noir » - www.editions-koutoubia.eu

Contact presse : Cécile Rol-Tanguy – 06 08 88 26 97 – crtpresse@wanadoo.fr

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Rédaction et traduction : Gilles Munier, Xavière Jardez

Courriel : gillesmunier8639@neuf.fr - Portable : 06 19 74 45 99


ISSN : 1773 – 9780

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